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Mort d’Assata Shakur, militante révolutionnaire noire recherchée depuis 40 ans par le FBI
Les autorités cubaines ont annoncé la mort de la poétesse, écrivaine et militante du Black Panther Party à l’âge de 78 ans. Accusée sans preuves du meurtre d’un policier en 1973, elle avait fui une peine de réclusion à perpétuité pour trouver refuge à Cuba, où elle vivait depuis plus de 40 ans. Monde
dimanche 28 septembre 2025, par
Cuba a annoncé vendredi la mort de la militante révolutionnaire noire américaine Joanne Deborah Byron, connue sous le nom de Assata Shakur, recherchée depuis 1979 par le FBI. Elle avait trouvé refuge depuis plus de 40 ans sur l’île communiste qui lui avait accordé l’asile politique. « Le 25 septembre 2025, la citoyenne américaine Joanne Deborah Byron, alias Assata Shakur, est décédée à La Havane, à Cuba, des suites de problèmes de santé et de son âge avancé », a déclaré le ministère cubain des Affaires étrangères dans un communiqué.
par la rédaction de l’humanite.fr
Publié le 27 septembre 2025
Joanne Deborah Byron, également connue sous le nom de Joanne Chesimard, était âgée de 78 ans. Tante du rappeur Tupac Shakur tué par balle en 1996 à Las Vegas, elle avait appartenu dans les années soixante-dix au Black Panther Party et à l’Armée de libération des Noirs. Assata Shakur avait été accusée sans preuves d’avoir tué un policier mort lors d’une fusillade au cours de laquelle elle-même avait été blessée, le 2 mai 1973, dans le New Jersey. Après avoir fui, elle avait été arrêtée et accusée en 1977 d’assassinat. Elle a toujours clamé son innocence, dénonçant la barbarie du système judiciaire et carcéral des États-Unis.
« Je m’appelle Assata Shakur et je suis une esclave en fuite au XXe siècle. Persécutée par le gouvernement, je n’ai eu d’autre choix que de fuir la répression politique, le racisme et la violence qui dominent la politique du gouvernement américain envers les Noirs. Je suis prisonnière politique et je vis en exil à Cuba depuis 1984 », avait-elle écrit dans une lettre ouverte publiée par le magazine en ligne Counterpunch le 30 décembre 2014. Elle se définissait comme une « militante politique depuis presque toujours ». « Bien que le gouvernement américain ait tout fait pour me classer comme criminelle, je ne suis pas une criminelle et je ne l’ai jamais été. »
Récompense d’un million de dollars pour sa capture
Cible d’un véritable harcèlement judiciaire, inculpée entre autres d’enlèvement, d’assaut armé et de braquage, elle avait finalement été condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité par un jury exclusivement blanc au terme d’un procès bâti sur des accusations sans preuves, sur le fondement d’enquêtes truquées et illégales du FBI qui travaillait alors dans le cadre expéditif de COINTELPRO. Jamais aucun élément prouvant qu’elle était en possession d’une arme au cours de la fusillade dans le New Jersey n’a pu être produit.
Torturée, incarcérée dans des prisons de haute sécurité, elle était parvenue à s’évader en 1979 avant de gagner Cuba en 1984. Le 2 mai 2005, le FBI l’avait classée comme une « terroriste intérieure » (domestic terrorist), offrant un million de dollars de récompense pour toute aide à sa capture, avant de l’inscrire, en 2013, sur sa liste des « terroristes » les plus recherchés, faisant d’elle la première femme à y figurer. L’actuel secrétaire d’État américain Marco Rubio avait alors accusé le « régime cubain » de continuer à « offrir refuge à des terroristes et à des criminels, y compris à des fugitifs américains ».
Plusieurs administrations américaines ont insisté pour exiger l’extradition d’Assata Shakur, une demande continûment rejetée par La Havane. « Se souvenir d’elle, c’est se souvenir d’une vie remplie d’impatience combative, d’une mémoire vivante de résistance et d’une militante dévouée à la lutte, malgré les persécutions que les gouvernements des États-Unis ont exercées contre elle et ses camarades », écrit le quotidien communiste cubain Granma dans l’hommage qu’il consacre à la militante, écrivaine et poétesse.
À lire : Assata Shakur, Assata, une autobiographie, Premiers matins de novembre, 2021, 2025.
in l’humanite.fr
