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Adresse au Conseil National de l’ACCA

lundi 11 juillet 2022, par Secrétaire

L’association AGIR CONTRE LE COLONIALISME AUJOURD’HUI (ex-Association de Combattants de la Cause Anticoloniale) a réuni son Conseil National ce samedi 9 juillet. Le président de l’ACCA, Nils Andersson, empêché, a envoyé ces quelques lignes aux participants :

Chères amies, chers amis, chers camarades,

Dans l’impossibilité d’être effectivement avec vous, y être en pensée ne réduit pas mon regret de ne pouvoir partager les moments de cette journée de l’ACCA fondée il y a trente-cinq ans à l’initiative d’Henri Alleg.
Henri, son nom témoigne de la raison d’être de l’ACCA, celle de la mémoire du refus de la guerre d’Algérie, celle de la condamnation des moyens et méthodes de la pacification, celle de la lutte anticolonialiste et, on l’oublie trop, qui était également une lutte contre la menace fasciste.

La mémoire du refus de la guerre d’Algérie, ceux qui sont aux origines de l’ACCA en porte-témoignage. Ils furent les premiers, choix politique et internationaliste, à refuser de porter les armes contre le peuple algérien à, dix ans après la fin du nazisme, être dans le rôle de l’occupant, à s’opposer, au-delà de la protestation, par un engagement concret à une guerre coloniale pour perpétuer un système fondé sur le racisme. À ceux qui écrivent et réécrivent l’Histoire, nous rappelons et ne cesserons de rappeler : ils avaient vingt ans et par fidélité aux valeurs apprises, ils furent jugés par des tribunaux militaires et se virent condamnés à des années d’isolement carcéral, de la prison au bagne. L’ACCA est le garant que la lettre d’Alban Liechti et ses signataires, la résistance aussi obstinée que courageuses aux peines infligées des soldats du refus, leur acte de solidarité avec le peuple algérien, leur engagement anticolonial au-delà de la fin de cette sale guerre, ne pourront être effacés des mémoires.

L’ACCA, c’est aussi la mémoire de la lutte anticoloniale en France durant ces huit ans de guerre. De sa cellule, Henri Alleg a, par son témoignage, mis en accusation les pouvoirs politiques, militaires et judiciaires, il a porté le débat sur la torture en France, celui qui voulait savoir ne pouvait dès lors l’ignorer ; l’irréfutabilité des faits a élargi sa dénonciation au monde entier. La méthode et les mécanismes révélés démontraient qu’il ne s’agissait pas de bavures, mais d’un système, la « guerre révolutionnaire et psychologique », dont le triptyque est « terroriser, retourner, pacifier. » Des milliers d’Algériens luttant pour être indépendants, mais aussi des militants dans des guerres en Afrique, en Amérique latine et en Asie, furent les victimes de ce modèle doctrinal, théorisé dans l’armée française puis enseigné dans des écoles militaires des Amériques. L’ACCA, c’est également la mémoire de la lutte antifasciste contre les tenants de l’Algérie française, les putschistes de Paris et Alger, l’OAS et le Front national en gestation, qui renversèrent la IVe République et menacèrent de renverser la Ve pour perpétuer l’ordre colonial et empêcher que l’Algérie devienne indépendante.

La mémoire de cette histoire militante est notre raison d’être, mais le présent nous fixe des objectifs : les idéologies racistes et les discours de haine s’activent, la guerre, le colonialisme, le fascisme restent de tristes réalités. Dans ce monde déstabilisé et chaotique, l’ACCA s’inscrit, avec ses forces et ses moyens, dans la fidélité aux luttes qui on fait échec, il y a soixante ans, au racisme, au colonialisme et aux factieux. C’est pourquoi il est important qu’elle vive comme en témoigne la parution d’AGIR, les initiatives prises et l’organisation d’activités rapportées à l’AG. Cela est possible par ses membres, cela est possible par vous qui êtes présents, cela est possible par l’engagement et la disponibilité de ceux qui participent au bureau, dont je tiens à saluer l’esprit de camaraderie qui l’anime. Sans ces forces rassemblées, l’ACCA ne peut être, que cette journée soit riche en propositions, en décisions, en débats et en fraternité.

Bon travail et salut à tous.
Nils Andersson