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A 61 ans du 19 mars 62.

Déclaration de l’ACCA

dimanche 19 mars 2023, par Acca

61 ans sont passés depuis la guerre d’Algérie.
Cinq à six cent mille Algériens sont morts, parmi lesquels nombre de femmes et d’enfants, pas seulement au combat mais aussi massacrés de sang froid dans leurs villages, assassinés par des légionnaires, parachutistes et autres forces spécialisées dans la répression mais aussi par de simples soldats du contingent, souvent mobilisés contre leur gré. Du côté français, près de 30000 hommes sont tombés. A ces chiffres terribles, il faut ajouter le nombre impressionnant de blessés, souvent handicapés à vie et celui , incalculable des victimes marqués psychologiquement et pour toujours par ce qu’ils ont vécu et ne peuvent oublier. L’ACCA rend hommage à toutes les victimes.

Cette sale guerre engagée par l’Etat français, à partir de 1954, pour tenter d’endiguer le soulèvement du peuple algérien en vue d’obtenir son indépendance ne fut jamais celle de l’ensemble du peuple français contre le peuple algérien.
Dès le début du conflit, des voix s’élevèrent en France, largement relayées à l’étranger, contre les méthodes employées par le pouvoir colonialiste envers les patriotes algériens (tortures, assassinats, disparitions, emprisonnements...).
La propagande gouvernementale présentait la répression comme une série d’opérations de maintien de l’ordre. Elle parvint à occulter momentanément la nature réelle de la guerre coloniale. Cependant, l’opposition à la guerre, la volonté de PAIX la solidarité avec le peuple algérien qui se manifestèrent dès le début parmi les militants anticolonialistes, ne cessèrent de s’amplifier tout au long des sept longues années pendant lesquelles elle dura.
Malgré les efforts constants de la censure gouvernementale pour étouffer les témoignages qui révélaient les exactions commises par les forces de répression, la vérité sur ce qui se passait en Algérie finit par être connue de très nombreux français. Henri Alleg, fondateur de l’ACCA qui habita un temps à Malakoff écrivit le livre La question, publié en février 58 Il y a 65 ans cette année. Malgré la censure, il fit connaître les tortures qu’avec ces camarades, il avait enduré. Il contribua ainsi à la prise de conscience. Des actions de solidarité se multiplièrent dans le monde du travail, des jeunes, appelés sous les drapeaux, refusèrent de participer à cette guerre contre un peuple en lutte pour sa liberté. Parmi ces jeunes, plusieurs furent emprisonnés pendant de longues années, là encore Malakoff a payé son tribut.
A la veille des accords d’Evian une majorité de la population française devenait acquise à l’idée qu’il était urgent de mettre fin à cette guerre injuste.
La lutte héroïque du peuple algérien pour son indépendance bénéficia d’un réel soutien, à partir de ce moment. Les actions entreprises dans ce sens, en France et à l’étranger, jouèrent un rôle certain dans la décision du gouvernement français d’ouvrir les négociations qui devaient aboutir à la satisfaction du désir d’indépendance.
Connaître la vérité sur cette guerre, sur les raisons de son déclenchement, de sa durée, de sa cruauté, utilisations habituelles de la torture, exécutions sommaires, viols, tous ces crimes commis, connus et couverts par les plus hautes autorités.
Ne pas accepter ces réécritures de la mémoire qui aujourd’hui, blanchissent les assassins en leur attribuant des décorations, les plus hautes, et en élevant des monuments célébrant leurs actes.
Dans la période qui s’ouvre, même si chaque peuple a son vécu propre, il faut dépasser l’hostilité qui perdure entre les mémoires différentes.
France et Algérie ne pourront pas réellement tourner la page de la guerre, assurer la Paix et la fraternité entre leurs peuples, sans répondre aux questions de ceux qui sont revenus et à la soif de vérité des jeunes générations . Les relations culturelles, politiques et économiques entre nos deux pays exigent ce rapprochement.