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Jean CLAVEL, Un Soldat du refus nous quitte…

(11 mars 1937-04 mai 2023)

dimanche 7 mai 2023, par Nicole Babatz

L’ACCA perd un pilier… Jean CLAVEL, Soldat du refus de la guerre d’Algérie, s’en est allé le 4 mai 2023. Il en a rejoint d’autres, comme Voltaire DEVELAY (9 mai 2021), et Léandre LETOQUART (juin 2017), mais aussi Julien LAUPRETRE (2 mai 2017).
Sa lettre de refus du 2 octobre 1957, adressée au président de la république, lui vaudra une condamnation à trois mois de prison, lors de son procès en mars 1958, puis sept mois et demi, dont six de cachot, et sept mois de bagne militaire à Timfouchy, dans le désert saharien, où dès son arrivée il fut ’’passé à tabac’’ et emmené dans la ’’section noire’’, destinée aux cas considérés comme graves. Les coups fréquents du capitaine du bagne, le froid, la soif, la faim lui feront perdre six dents et presque une jambe, en raison d’une blessure gangrénée. Une lettre de dénonciation des conditions de détention, que des camarades ont réussi à faire sortir du bagne, sera lue au Sénat. Jean sera libéré de ses obligations militaires, en janvier 1960, car son temps de détention a été comptabilisé, comme temps de service. C’est à Timfouchy qu’il connaitra Voltaire DEVELAY, entre autres…

Lors de l’hommage rendu à un Soldat du refus mort dans l’anonymat en 2016, Claude VOISIN, Jean avait répondu présent. Pour la rencontre des Soldats du refus du 04 mars 2017 au siège du Secours Populaire Français à Paris, Jean avait également répondu présent. Tous se retrouvaient, dans une joie non dissimulée, mais aussi avec des larmes… Certains avaient voyagé dans le même train, sans le savoir et leur accueil sur le quai de la gare du Nord, fut émouvant. Jean et Voltaire s’étaient retrouvés, pour quelques heures seulement, mais elles furent intenses. Cette journée, restera inoubliable, gravée à jamais.

Après vingt années à le côtoyer au sein de l’ACCA, je conserve de lui, cette façon de s’exprimer posée, assurée, sa rigueur, sa dignité, son honnêteté, son calme, son engagement anticolonial, sa discrétion, et surtout son élégance naturelle.
Jean faisait partie de ceux qui refusaient de tuer des innocents, pendant la guerre de décolonisation de l’Algérie, et de ces vieux lutteurs courageux, déterminés et fidèles à leur idéal. En cherchant quelques adjectifs pour le qualifier, je me suis aperçue que la liste était plus longue que prévue. Je l’appréciais beaucoup, mais je m’aperçois en fait, que je l’appréciais bien plus que je ne l‘imaginais…

Salut Jean !

Nicole BABATZ

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